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  Criminalité et démocratie
 
 
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Novembre 2000       
Contes et comptes du prof Lauzon

Criminalité et démocratie: version d'ici et d'un certain ailleurs

par Léo-Paul Lauzon

Suite à la tentative de meurtre de Michel Auger, journaliste au Journal de Montréal, le premier ministre du Canada, a adopté rapidement une loi antigang quitte à l'appliquer par la clause nonobstant.

Monsieur Bouchard a rappelé qu'il s'est produit cinq fusillades en 48 heures à Montréal et qu'au Québec on dénombrait 153 morts et 172 tentatives de meurtre liés aux gangs criminalisées depuis 1994, ce qui lui a fait dire:
«Il faut faire cesser le climat de violence que font régner les bandes criminalisées de motards».

Je dois vous dire que la violence pratiquée par les motards criminalisés n'est rien comparée à celle appelée et pratiquée par nos gouvernements depuis près de vingt ans.

La criminalité est un sous-produit direct des politiques sociales, économiques et fiscales de nos gouvernements québécois et canadien qui ont sabré dans l'assistance sociale, l'assurance-emploi, la santé et l'éducation, qui ont déréglementé le marché du travail et privatisé, qui ont baissé les impôts des compagnies et des nantis, etc.

Ils sont les premiers responsables de la recrudescence de la criminalité au Québec.

Monsieur Bouchard a même dit que le Québec était devenu comme la Colombie. Trop d'hypocrisie et de démagogie c'est trop.

Il aurait dû au moins avoir l'honnêteté de dire qu'ici c'est devenu comme aux États-Unis, son modèle à lui mais aussi et encore plus à l'ineffable Bernard Landry, notre cher ministre des finances qui, ne voulant pas être en reste dans ce dossier, comme dans tous les dossiers d'ailleurs, va débloquer les fonds nécessaires afin d'augmenter les effectifs de la Sûreté du Québec.

Je vous l'avait dit, exactement comme ils font aux States, renforcer la répression par la police.

Puis-je me permettre de rafraîchir la mémoire de nos élus politiques. Dans un document de réflexion du gouvernement péquiste publié en mars 1996 on pouvait y lire ceci:
«Le Québec doit ramener la facture de son filet de sécurité sociale à un niveau comparable à celui de l'Ontario et des États-Unis»,

d'où le titre de l'article du Devoir du 9 mars 1996: «Bouchard veut aligner le Québec sur l'Ontario et les États-Unis».

Puis, dans un article de La Presse du 30 octobre 1996 intitulé «Il faut s'adapter, c'est une nécessité lance Bouchard en ouvrant le Sommet économique», Lucien en a profité pour prévenir ses ouailles que le Québec n'avait d'autre choix que de «s'adapter» au modèle américain, discours qui avait beaucoup satisfait les milieux d'affaires.

À cet effet, Michel Audet, l'infect président de la Chambre de commerce du Québec, venait d'exhorter le gouvernement Chrétien d'avoir le «courage» politique de couper entre 12$ à 15$ milliards de dépenses publiques par année, au cours des trois prochaines années, afin de rétablir l'équilibre budgétaire.

Ça, à mes yeux, c'est beaucoup plus criminel que Maurice «Mom» Boucher des Hells Angels et de Frédérick «Fred» Faucher des Rock Machine réunis.


Enfin, quelques temps après, Bernard Landry, fidèle à lui-même, a déclaré: «La population souffre, c'est vrai. Mais la consolation c'est d'assainir les finances publiques du Québec».

Si le modèle à suivre pour nos politiciens ce sont les États-Unis, il faut alors assumer ce choix, en accepter les conséquences et dire la vérité au monde.

Les States, c'est le pays le plus criminalisé en occident avec ses deux millions de prisonniers et ses huit millions en liberté conditionnelle.

Depuis 1990, la population carcérale américaine a augmenté de 77%. Aux USA, 1.5 million d'enfants ont un parent en prison et plus de 30 millions d'individus souffrent de la faim.

C'est en ce pays qu'il y a 42 millions de personnes sans aucune couverture d'assurance et qui est le premier pays industrialisé au niveau de la pauvreté infantile.

Le Canada est deuxième! C'est aussi le pays de la peine de mort institutionnalisée, des prisons privées, des fusillades hebdomadaires et du port d'armes.

Dans un récent sondage mené par le Washington Post, le déclin de la qualité du système éducatif (62%) et l'accroissement de la violence (61%) constituaient les principales préoccupations des Américains.

Enfin, attachez vos tuques et vos capines, il se produit à New-York, la ville et non l'État, environ 6 homicides, 8 viols et 175 vols avec violence par jour. Qui dit mieux?

Les États-Unis sont aussi le pays industrialisé le plus inégal en termes de revenus et de richesse.dans un récent article du New York Times, on pouvait lire ceci:
«Les inégalités économiques se sont accrues aux États-Unis depuis les années 1970, notamment en raison des faibles taux d'imposition des américains les plus riches (sic), de la relative faiblesse du salaire minimum et de la perte de vitesse des syndicats (sic)».

Aux States, 1% des américains les plus riches détiennent 48% de la fortune financière du pays et depuis 1973, les travailleurs ont subi une chute de 13% de la valeur du salaire horaire moyen.

Alors, si on veut vraiment combattre la criminalité et prévenir la violence généralisée, ce n'est pas par une loi antigang que l'on y parviendra, mais bien par une loi antipauvreté, ce qui nécessite l'adoption de politiques gouvernementales qui favorisent une plus grande redistribution de la richesse par une refiscalisation des compagnies et des nantis et par la lutte à l'évasion fiscale dans les paradis fiscaux.

La pauvreté est la racine même de la criminalité et de la violence. Mais, ne rêvons pas en couleurs mes soeurs et mes frères. Face au surplus budgétaire de 12.3 milliards$ d'Ottawa réalisé en l'an 2000, le patronat réclame encore et encore des baisses d'impôts et la réduction de la dette fédérale, ce que va encore faire nos politiciens asservis. Cela, bien évidemment, augmentera la pauvreté et la criminalité au pays.

Oui, le patronat est un rouage important de la hausse de a criminalité. Il faut absolument que je livre une bonne nouvelle, c'est mon thérapeute qui m'y contraint.
Marc Lévesque, économiste principal à la Banque Toronto-Dominion, a admis à Martin Vallières de La Presse (article du 21 septembre 2000) que:
«Les profits des entreprises en pourcentage du PIB sont les plus élevés au Canada depuis plus de 20 ans».

Vous le voyez bien que nous avons la richesse collective voulue pour endiguer la pauvreté et par ricochet éradiquer la criminalité.

Quelqu'un peut-il m'expliquer alors comment il se fait alors que Statistique Canada nous dit que le revenu moyen des familles ne cesse de baisser depuis 20 ans et qu'il en est de même pour le travailleur en termes de salaire réel indexé pour tenir compte de l'inflation?

Aujourd'hui, 53% des Québécois gagnent moins de 20 000$ par année et les 65 ans et plus ont un revenu annuel moyen de
16 000$.


Mais, où va donc toute cette richesse?

Comment se fait-il que nos gouvernements en soient encore rendus à couper régulièrement dans la santé, l'éducation et la sécurité du revenu?

De plus, pendant que la richesse nous sort par les oreilles depuis belle lurette, dans un rapport réalisé et rendu public en mars 1995 par Jacques Duchesneau, alors directeur de la police de la communauté urbaine de Montréal, ce dernier constatait que depuis 20 ans la ville de Montréal avait perdu 10% de sa population, mais que le taux de crimes violents avait triplé.

Faut pas être une lumière ou un cerveau pour réaliser que l'accroissement de la criminalité et de la violence est directement proportionnelle avec l'augmentation des inégalités économiques dans la société.

En somme, depuis 20 ans les compagnies, leurs dirigeants et leurs propriétaires se sont enrichis outrageusement par des profits records, le travailleur et la famille se sont appauvris et les crimes violents ont explosé.

survenue le 13 septembre dernier, Lucien Bouchard, le premier ministre du Québec, et Serge Ménard, le ministre de la sécurité publique, ont exhorté Jean Chrétien,

Faut voir la réalité en face

Vivement une loi antipauvreté qui rendra caduque le besoin d'une loi antigang.

Avant de vous quitter, puis-je me permettre une petite prédiction?

    Après la criminalité pratiquée par les motards et beaucoup d'autres groupes viendra dans quelques années les manifestations monstres puis éclatera la violence émanant de démunis, de femmes, d'étudiants, de travailleurs, de personnes âgées, etc.

écoeurés d'être carrément exploités par le patronat, d'être appauvris en pleine période de croissance économique record et de richesse collective grandiose, par des gouvernements rompus à la classe dominante, et enfin tannés d'être aliénés par les médias.

Il y a une maudite limite à appauvrir le monde par la dissolution tranquille de l'État et le démantèlement de ses outils et biens collectifs et à accroître les inégalités économiques par des politiques gouvernementales qui sont voulues par et qui ne profitent qu'à la minorité possédante.

Alors, en ce moment, on entendra encore la même rengaine de nos élus politiques qui, furieux, nous diront qu'il faut abolir la criminalité et la violence, qu'il faut sauvegarder cette démocratie larvée, qu'il faut respecter la loi et protéger nos institutions.

Puis, on embauchera toujours plus de policiers et la majorité de la population y «gagnera» en termes de répression.

C'est bien ça à quoi rime la démocratie à l'américaine que nos
politiciens singent. À entendre
parler les ténors du parti républicain américain, s'il revenait sur terre, Jésus-Christ choisirait les USA comme terre d'exil, pas comme terre d'asile, bande de petits rigolos.

Il ne faudrait alors plus dire Jésus-Christ de Nazareth mais bien de Washington.

Dans sa nouvelle version américaine, sûr qu'il aurait fait de Ronald Reagan et de George Bush ses deux premiers disciples.

Brian Mulroney aurait assurément fait partie des douze, Ralph Klein de l'Alberta et Mike Harris de l'Ontario auraient été en lice, Jean Charest du parti libâral du Québec, faute de place et d'autres choses, aurait été réserviste après avoir reçu le ok des patrons, bien évidemment.

Quant à Margaret Tatcher de Grande-Bretagne, elle aurait été sa Marie-Madeleine, ce qui l'aurait convaincu encore plus de l'à propos du choix de son voeu d'abstinence.

Naturellement, Jésus-Christ USA serait lui  aussi un farouche partisan de la peine de mort et de ses prisons privées.

La morale feutrée et la bondieuserie à l'américaine c'est l'étalon mesure de la compassion qui, face à l'odieux embargo américain pratiqué contre l'Irak, a fait dire à Madeleine Albright, leur secrétaire d'État, que le demi-million de bébés irakiens morts de suite de l'embargo était

«un prix raisonnable à payer»

pour la paix dans le Golfe.

 
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